Presque 5 ans après le lancement de la discussion initiée par Da, je me lance à mon tour dans l'aventure du Cube !
Oh non, encore un kit… Effectivement, si ce n’est pas votre tasse de thé, le sujet a de quoi rebuter. En fait, ce fil regroupe plusieurs bidouilles et astuces pour lesquelles j’ai la flemme d’ouvrir de nouveaux fils de discussion. Les présenter via un kit est donc l’occasion idéale.
J’avoue m’être un peu lâché dans l’élaboration de ce kit, mon objectif étant surtout de voir jusqu’où il est possible d’aller dans la complexité et la création de solutions originales s’insérant dans un volume aussi réduit. N’ayant pas un budget illimité et trouvant rébarbatives ou inadaptées les solutions sur étagères directement issues des magasins de produits outdoor, j’ai privilégié les solutions bricolées, à la portée de tout le monde.
Petit avertissement : la qualité des photos est très aléatoire, les prises de vues s’étant étalées sur plus d’un an et provenant de différents appareils numériques. Veuillez m’en excuser !
Mise en situation
Du fait de ma profession, je me déplace régulièrement sur de longues distances en costume – cravate et voiture de pool. Si au quotidien je peux trimballer quelques accessoires sur moi et à bord de ma voiture personnelle pour faire face à ce que certains appellent une « rupture du quotidien » ou encore un « événement disruptif », lors de ces déplacements la tâche devient plus difficile du fait de ma tenue. Quant à emporter un BOB complet, c’est tout simplement impossible compte-tenu de l'encombrement et des impératifs de discrétion. L’idée du Cube m’apparaît donc particulièrement appropriée, car son volume contenu permet de le glisser dans la valoche lors des déplacements professionnels, et de le stocker dans un coffre de voiture sans qu’il ne prenne trop d’espace au quotidien. Après quelques années (sic !) passées à réfléchir au sujet initié par le CEETS et par Da sur ce forum, ainsi qu'à concevoir et tester différentes configurations et différents matériels, je me suis pris au jeu et suis – enfin ! - parvenu à assembler un mini BOB / Go Home Bag / Escape Cube à peu près convenable, répondant à MON besoin.
L’environnement dans lequel ce kit est appelé à évoluer est à dominante péri-urbaine / rurale / forestière (Europe occidentale / centrale). Les régions dans lesquelles je me déplace sont fortement industrialisées / nucléarisées, certaines installations étant en outre malheureusement réputées pour leur vétusté, voire leur dangerosité (Fessenheim notamment). Le risque technologique est donc logiquement un paramètre pris en compte dans l’élaboration du Cube. Comme nous le verrons plus loin, ceci va plutôt à l’encontre de la philosophie qui anime le Cube spirit, à savoir la recherche de solutions polyvalentes, rustiques et minimalistes. Mais pourquoi ne pas faire compliqué quand on peut faire simple ?
Le scénario le plus cauchemardesque me concernant serait de me retrouver en plein hiver à plusieurs centaines de kilomètres de chez moi, au beau milieu d’un sauve-qui-peut général face à une menace de contamination / pollution d’origine nucléaire, chimique ou radiologique, bref un scénario à la Fukushima, supposé évidemment ne jamais se produire en France... Mon objectif serait alors de rentrer à tout prix et en un seul morceau en Allemagne rejoindre la famille (accessoirement c’est mon point de chute le plus proche). Mais sans envisager le pire, ce kit doit également me permettre de faire face à un imprévu, comme par exemple passer une nuit dans la voiture suite à un blocage des voies de communication pendant un déplacement privé ou professionnel (tempête, grosses chutes de neige, inondations…). La situation s'est déjà plusieurs fois présentée par le passé et m'a à chaque fois pris au dépourvu, sachant que le petit kit de survie de poche qui me suit est peu à même de répondre à ce type de situation inconfortable. Comme on le voit, les attentes vis-à-vis de ce kit sont élevées, son spectre d’utilisation, très vaste, s’étalant de l’inconfort momentané à la situation de survie hardcore.
Le premier défi a été de prendre en compte le risque technologique et les contraintes qu'il impose, notamment :
- Interférences avec l'environnement limitées au minimum afin de réduire les risques de contaminations internes et externes, donc si un équipement quelconque est nécessaire, il doit prioritairement sortir du Cube ou s'improviser avec des composants issus du Cube.
- Présence dans le Cube d'équipements de protection individuelle RNBC.
- Présence dans le Cube d'équipements de décontamination.
- Présence dans le Cube d'équipement de détection/mesure.
Ce type de menace – vaste et multiforme - est rarement pris en compte dans les préparatifs, or à mon humble avis une préparation spécifique s’impose dès lors qu’on évolue dans une zone urbaine ou péri-urbaine industrialisée d’Europe occidentale ou de toute autre région développée du monde. Sachant qu’avec peu de moyens matériels et un minimum de connaissances il est possible de se protéger efficacement – au moins un certain temps – le jeu en vaut la chandelle.
Le second défi a été d’adapter - voire créer - certains outils jugés utiles voire indispensables dans ce type de situation et à même d’entrer dans le Cube. Ce dernier contient donc une pelle, une scie, un pied-de-biche, un abri, une popote et 2 ou 3 autres gadgets conçus spécialement pour s’adapter à la poche PLCE. Il offre abri, nourriture, eau, énergie… pour des durées disons euh… variables. Les 13 litres théoriques de la poche PLCE (on verra plus loin que le volume à disposition est encore plus réduit) représentent en effet un volume ridicule, obligeant à effectuer un tri impitoyable entre ce qui est vital, réellement utile ou carrément superflu. Comme sur le fil du BOB (qui a d’ailleurs bien mal vieillit si l’on considère la configuration actuelle dudit BOB), j’ai procédé méthodiquement par modules, sachant que certains items trouvent une utilisation transversale.
Pour se faire une idée du bidule en ordre de bataille, cela donne ça :
Étalé par terre, on obtient ceci :
Et lors du stockage, les bretelles sont rangées dans la poche (je crois me souvenir que cette configuration fait partie du cahier des charges du CEETS) :
La fabrication des différents gadgets présents dans le Cube ainsi que les tests en situation sont détaillés plus loin dans le fil. Je précise que leur fabrication s'est faite avec des outils, des techniques et des matériaux à la portée de tout un chacun.
Contenant
Peu de liberté en matière de contenant si l’on respecte à la lettre le cahier des charges du CEETS : le kit est contenu dans une poche PLCE, prévue pour s’adapter au sac-à-dos de l’armée britannique. La paire de poches avec son système de portage (Yoke) se trouve en occasion pour moins de 10€ (sans les FDP) sur la baie. La poche PLCE se révèle certainement bien pratique pour l’utilisateur d’un sac compatible avec ce type de poche, mais n’étant pas dans ce cas, je pense à terme répartir le matériel dans un autre système moins connoté et de contenance similaire, genre petit sac à dos, musette "civile" ou éventuellement sacs de poitrine Ribz, la contrainte majeure en ce qui me concerne étant que ce contenant doit pouvoir rentrer dans une valise sans y prendre trop de place.
Une sorte d’hybride poche PLCE / survival roll, ou encore une trousse médicale au format PLCE ne seraient pas non plus pour me déplaire, l’inconvénient majeur que je trouve à la poche PLCE étant qu’elle ne dispose que d’un seul accès par le haut. Ainsi, accéder au nougat enfoui au fin fond de la poche relève souvent du travail de fouille archéologique de longue haleine. Bref, c’est un autre débat, mais il y a potentiel à amélioration, par exemple en ajoutant à la poche une ouverture dans sa partie inférieure…
Notons au passage que les dimensions maximales indiquées dans le fil dédié au Cube sur le forum de David Manise - 35cm x 13cm x 20cm - donnent un volume de 9,1 dm³ soit 9,1 litres. On est donc loin des 13 litres spécifiés dans ce même cahier des charges dédié au Cube ! C'est un autre sujet, mais cette petite marge supplémentaire autorise nombres de bidouilles et de modifications sur la poche PLCE elle-même, de façon à faciliter son utilisation.
Les bretelles sont issues d'un autre système de portage (MMPS je crois, les experts en matériel tactico-militaire sauront l’identifier) et s'adaptent sans problème via l’ajout de la bouclerie idoine. Par rapport aux bretelles d’origine, celles-ci se révèlent plus compactes, plus polyvalentes et peuvent s'utiliser pour rembourrer le manche d'un outil ou comme ceinturon de fortune par exemple. On peut également varier les modes de port du Cube, par exemple en croisant les bretelles sur la poitrine, en utilisant le cube comme une musette ou encore - soyons fous ! - à la façon d’un sherpa (en cas de blessure à l’épaule interdisant le port d’un sac à bretelles). Je préfère en tout cas cette solution pérenne à une solution provisoire, comme par exemple des bretelles tressées en paracorde, car sinon comment porter le Cube une fois le stock de paracorde utilisé, mmmh ?
La poche PLCE n’étant pas étanche, tout son contenu est stocké dans différents sacs en plastique (essentiellement des sacs de congélation). Ceci autorise un minimum d’ordre parmi les items, en les regroupant autant que faire se peut sous forme de modules. Tous ces sacs peuvent également servir à stocker de l’eau, fabriquer des flotteurs, des bottillons étanches, un coussin de feuilles mortes ou que sais-je encore… Afin de faciliter le rangement des différents objets constituant le kit, j’ai viré tout ce qui est emballage, housse de protection, poignée, etc. susceptible d’occuper inutilement du volume. Quelques objets spécifiques, comme la bâche ou le poncho, se révèlent plus compacts une fois pliés correctement au format de la poche PLCE, plutôt que roulés dans leur format d’origine.
Module RNBC
Autant commencer par le plus crucial, et sans doute aussi le plus sujet à sarcasmes…
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je souhaite rapporter 2 anecdotes. La première concerne une catastrophe de grande ampleur : le terrible tremblement de terre ayant frappé le Japon en mars 2011, à l’origine d’un Tsunami puis de la catastrophe nucléaire de Fukushima. L’évacuation des habitants de Fukushima s’est faite de façon désordonnée, après une période de confinement de plusieurs jours. Beaucoup ont dû évacuer la zone interdite par leurs propres moyens, la destruction des voies de communication lors du séisme ne permettant pas des évacuations massives et systématiques en bus et en train. Je me souviens avoir lu le récit d’une femme partie en vélo sur les routes de l’exil, sans aucune protection autre que ses vêtements, et alors que la situation des 4 réacteurs de la centrale n’était même pas encore clairement connue… On notera au passage la pertinence, dans ce genre de situation, du vélo comme moyen d’évacuation, qui passe là où les véhicules à 4 roues ne passent plus… Autre anecdote personnelle : lors d’un déplacement, je me suis retrouvé complètement bloqué sur l’autoroute pendant plus de 5 heures à la hauteur de Nuremberg, suite au renversement d’une citerne de produit chimique hautement dangereux sur la chaussée, quelques centaines de mètres plus loin. L’accident avait alors mobilisé des équipes d’intervention et des véhicules spécialisés dans la lutte RNBC, la citerne menaçant de fuir à tout instant. Quid si la citerne avait fui ou si le camion avait pris feu ? L’objectif de ce module est précisément d’offrir des moyens de protection permettant de pallier à ce type de situation, pendant laquelle un individu est particulièrement vulnérable.
En déplacement professionnel ou privé, quand je ne suis pas dans les locaux du client, à l’hôtel ou chez des proches, je suis sur la route en pleine pampa et donc directement exposé aux conséquences d’un accident RNBC de grande ampleur, avec des possibilités de confinement très limitées. Le véhicule constitue évidemment une protection à ne pas négliger, pour peu qu'on s'y confine correctement. Le Cube contient d’ailleurs suffisamment de tape et de film plastique pour transformer l’habitacle en bulle à peu près étanche. Cependant une fois immobilisé dans un embouteillage ou par un quelconque obstacle, le véhicule refuge devient à plus ou moins brève échéance un piège. Pour pallier à cela, le module RNBC comporte donc plusieurs équipements de protection individuels à même de m'aider si je dois sortir du véhicule, m’extraire à pied de la zone dangereuse et m'abriter. Ces équipements sont primitifs et sommaires, mais suffisants pour mettre en place une barrière de protection entre leur porteur et son environnement.
Évoluer dans un milieu contaminé par des particules radioactives ou chimiques implique de limiter drastiquement les interactions avec l'environnement. L'air peut contenir des particules nocives en suspension, l'eau - surtout celle issue de ruissellements - est potentiellement chargée de contaminants. La faune et la flore peuvent en être recouvertes, voire en contenir. On peut également être amené à rencontrer ponctuellement des zones d'accumulation de substances nocives : poches de gaz dans les dépressions du terrain, dépôts sur la surface des objets, rejets directement produits lors de la catastrophe, black stuff radioactif, etc. Bref : la menace est potentiellement partout présente, et l'on prendra évidemment soin de fuir au plus vite la zone de danger en limitant au maximum les dommages sur la santé.
A cet effet, le principal équipement que j’ai choisi d’inclure dans mon Cube est une cape de protection NBC modèle SBU-67 de feu la Nationalvolksarmee est-allemande, un effet quasiment indestructible qui vaut son pesant d’or ! Cette cape en plastique très résistant couvre en effet des pieds à la tête, et est suffisamment ample pour autoriser le port d’un gros sac à dos. Elle se ferme sur le devant via 2 agrafes en plastique. En plus de conférer une allure totalement ridicule à son porteur, elle constitue une protection parfaite contre les éléments ainsi qu’un tapis de sol acceptable, pouvant en prime se garnir de feuilles mortes ou d'herbes sèches. De mémoire j'ai dû payer 7 euros pour un lot de 10 unités...
L’Armée Française disposait d’une tenue similaire et tout aussi compacte dans les années 70-80, mais à ma connaissance cet équipement n’est plus en dotation. Gageons qu’il est facile de se tailler un équivalent à peu près similaire dans un sac à gravats de grand volume. Je tenais toutefois à présenter la cape SBU-67, qui est un matériel de protection polyvalent, robuste, plutôt facile à trouver et bon marché.
Le second équipement de protection est une cagoule Muski, une sorte de sac en plastique transparent encapuchonnant toute la tête et muni d’un filtre et d’une valve souple. J’ai privilégié cette solution tout-en-un pour sa compacité, son efficacité (elle recouvre toute la tête), sa facilité et sa rapidité de mise en œuvre par rapport à un ensemble masque anti-poussière + lunettes + cagoule de protection. Il ne faut pas se faire d’illusions sur les performances de ce semblant de filtre : sa fonction est seulement d’offrir une barrière mécanique aux grosses particules susceptibles de tomber sur son porteur et d'être ingérées. Son efficacité sera en outre quasi nulle face à des agents chimiques ou bactériologiques… Accessoirement ce masque peut faire office de pare-poussière.
L’ensemble de protection est complété par des gants en vinyle et des bottillons réalisés avec des sacs de congélation (en prévoir plusieurs) et du chatterton (moins collant que le tape et donc plus facile à décoller / recoller). La panoplie comprend également des comprimés d’iodure de potassium, 2 dosimètres, une douchette de fortune pour la décontamination et une bâche de peintre en plastique résistant retaillée à 3x3m dont nous parlerons plus loin.
Une fois équipé on ressemble à cela :
Porter cette tenue plusieurs heures durant, le temps de s'extraire de la zone à risque (la plume, pour reprendre le terme anglo-saxon), implique une sudation importante et donc une grosse perte hydrique, qui ne pourra être compensée dans un premier temps que par le litre d'eau réglementaire contenu dans le Cube. La cape présente toutefois une solution intéressante, dans la mesure où elle est ouverte sur le bas et donc "respirante", ce qui autorise dans une certaine mesure l'évacuation de la transpiration. Contrairement à un poncho de type US en nylon, sa surface non tissée est parfaitement lisse et exempte d’aspérités, ce qui permet de limiter les dépôts de particules contaminées, et favorise en outre l'écoulement de l'eau et donc la décontamination.
Le kit d'hydratation fournit un sac de 8 litres et une fermeture de bouteille, facilement transformable en douchette de décontamination (voir plus loin pour la confection du pommeau de douche minimaliste) pour peu que l'approvisionnement en eau ne soit pas problématique. Le kit hygiène et santé fournit un rasoir pouvant servir à se raser la tête ou toute autre partie velue du corps en cas de contamination avérée.
Le kit comprend également plusieurs cartes répertoriant les sites nucléaires répartis sur le territoire européen et plus particulièrement français, les zones d’exclusion prévues pour chaque site en cas d’accident, ainsi qu’un zoom plus détaillé sur la région que je traverse habituellement (faisant notamment apparaître les noms des localités potentiellement concernées par une évacuation, informations importantes pour se repérer dans sa progression s’il s’agit de s’éloigner le plus possible de la source du problème). Une échelle des doses de radiations et de leurs effets permet d’évaluer grosso modo l’impact d’une exposition sur l’organisme, en recoupant avec les résultats des mesures des 2 dosimètres et la durée d’exposition.
Dans l'hypothèse d'une catastrophe RNBC majeure, tout le matériel de protection de ce module sera exposé et certainement contaminé, donc à abandonner sur place ou à détruire une fois extrait de la zone à risque. Un dernier avertissement enfin : ce matériel n'est là que pour limiter les conséquences sur la santé d'une éventuelle catastrophe industrielle et ne représente pas une protection absolue, loin de là. Son emploi ne peut être en outre que limité dans le temps, d’autres moyens plus conséquents étant appelés à entrer en action une fois l’utilisateur de ce matériel sorti de la zone dangereuse.
Une grosse partie des items de ce module peut évidemment être détournée de sa destination première et remplir une utilisation plus conventionnelle.
Module abri
Le module complet se présente sous la forme suivante :
Autant camper dans les bois sous une bâche ou un tarp peut revêtir un certain romantisme en temps normal, autant improviser avec ce truc un abri de fortune ouvert à tout vent dans une situation de stress élevé et surtout dans un milieu possiblement contaminé ne me paraît pas la meilleure idée. S’ajoutent à cela le temps de construction qui peut être pénalisant, et surtout la dépense énergétique nécessaire pour trouver un site approprié et construire l’abri. Pour durer, il convient en effet de limiter ses dépenses énergétiques : l’abri se doit donc d’être facile et rapide à construire. J'imagine également devoir plus prosaïquement passer la nuit ou m’abriter dans un champ gelé, un gymnase, sur un toit de supermarché ou un parking, bref un endroit où il n'est pas forcément possible de suspendre une bâche ou de planter des sardines. Un abri si possible fermé, facile et rapide à monter, et tenant debout tout seul apparaît donc comme une solution à privilégier. Reste à trouver la solution technique répondant à ce cahier des charges.
La bâche de chantier de 2x3m que je comptais initialement utiliser est écartée car inappropriée. Une tente genre « 2 secondes » serait idéale, mais beaucoup trop volumineuse. Le creusement des méninges se poursuivant, je m’oriente rapidement vers une solution bricolée plutôt qu’issue du commerce, avec toujours pour objectif de concevoir un abri une place polyvalent, bon marché, auto-porté, rapide et facile à monter, pouvant au besoin être fermé et ultra compact une fois plié.
La tente tube est une option séduisante et bon marché. On peut facilement en fabriquer une avec du film plastique genre bâche de peintre ouliner d'étang artificiel (plus épais et résistant, mais aussi plus encombrant). Par contre il est difficile de concevoir une structure autoporteuse pour ce type de tente. La fragilité du film plastique et le temps de préparation / montage demeurent en outre problématiques, surtout si la météo n’est pas de la partie. Le présent module contient cependant les éléments permettant la construction de ce type d’abri : une bâche de peintre en plastique transparent retaillée à 3x3m, du tape et de la cordelette.
Finalement j’en suis venu à m’intéresser à un concept venu d'Outre-Atlantique : l'Alpha Tent ou tente Alpha, présentée là. Comme cette bidouille n’a pas encore été présentée dans la sphère survivaliste francophone, voici en exclusivité pour les lecteurs d'Olduvai la description de cette magnifique invention ! Il s'agit en fait d'un simple poncho militaire tendu via 2 baguettes rigides montées en diagonal. Le résultat obtenu est une petite tente en forme de dôme à base parallélépipédique, qui ressemble à cela :
J’ai poussé la logique un peu plus loin en essayant d’utiliser la structure sans le poncho. Cette structure peut ainsi être utilisée simplement recouverte d'un film plastique (genre bâche de peintre en plastique transparent heavy duty), comme présenté ci-dessous. Une cordelette est utilisée pour forcer un peu plus la flexion des arceaux, également reliés entre eux en leur milieu par un autre lien. Cette configuration permet de créer un abri spacieux de 2m x 1m x 0,9m, à même d’accueillir un adulte et 2 enfants par exemple. A l’usage, la condensation reste évidemment un problème, mais au moins dispose-t-on d’une bulle abritée des éléments.
Autre configuration : les photos ci-dessous montrent ce que pourrait être un montage en environnement contaminé ou froid, faisant appel au poncho et à la bâche de peintre :
Il est aussi possible d'intercaler entre la structure et le poncho une couverture de survie (face argentée dirigée vers l'intérieur), permettant d’améliorer l’isolation thermique de l’abri. L'Alpha Tent peut accueillir sans problème une personne allongée ; un individu de grande taille (> 1,80m) devra toutefois s'y allonger en diagonal ou s’équiper d’un poncho de grande dimension.
Retournée, la tente peut flotter et supporter quelques kilos de charge, permettant ainsi la traversée à la nage d'une coupure humide en gardant le matériel au sec. Les photos suivantes montrent un test de flottabilité avec une charge d’environ 10kg (un madrier et 2 briques), sensée simuler la masse du Cube. L’embarcation de fortune peut sans doute supporter quelques kilos de plus, et sans doute même un enfant en bas âge pour peu que son poids soit uniformément réparti sur une surface la plus étendue possible.
L'autre intérêt de la structure auto-portée / tente Alpha par rapport à un abri plus classique est qu'elle laisse peu de traces, hormis l'empreinte au sol de l’utilisateur : pas de branches cassées, de terre remuée, de traces de cordage sur les arbres... Cela peut être une solution particulièrement appropriée pour un individu souhaitant rester le plus discret possible. La tente peut se poser directement sur le sol, ou être surélevée pour autoriser une plus grande liberté de mouvement à son occupant. On peut la suspendre ou s'en servir pour recouvrir une position enterrée, l’utiliser comme parapluie géant... Bref, ses possibilités d’utilisation sont infinies !
Sa résistance au vent est assez bonne du fait de sa forme ramassée et arrondie. Il convient toutefois de prévoir un ancrage au sol, en l'occurrence via 6 sardines, pour éviter le retournement de la tente par vent fort. La capuche du poncho constitue enfin une bouche d’aération bienvenue, le poncho étant par nature étanche et pas respirant pour 2 sous.
En l'état, le module contenu dans le Cube permet de construire :
- une tente tube avec la bâche de peintre de 3x3m, du tape et de la ficelle,
- un abri simple avec le poncho utilisé comme tarp,
- une tente alpha simple avec la structure et le poncho,
- une tente alpha isolée thermiquement avec la structure, le poncho et la couverture de survie ou la bâche de peintre,
- une tente alpha transparente avec la structure et la bâche de peintre,
- un hamac utilisant le poncho, et couvert de la cape RNBC ou de la bâche de peintre,
- une embarcation légère pour le matériel, en retournant l'Alpha Tent,
- un panneau de protection facilement manipulable s'il s'agit de protéger un accidenté des éléments ou du regard des curieux.
La liste est loin d’être exhaustive, d’autres utilisations auxquelles je n’ai pas pensé étant certainement possibles.
Le poncho US utilisé dans le Cube est loin d'être mon premier choix pour tous ces usages, mais il présente cependant le meilleur compromis encombrement / performances / prix. Comme indiqué précédemment, quelques mètres de ficelle et des sardines complètent le module pour une utilisation plus traditionnelle du poncho sans la structure. La fabrication des éléments nécessaires à l’assemblage de l’Apha Tent ainsi que d’autres options sont détaillées plus loin dans le fil de discussion.
Module couchage
Volume limité du Cube oblige, ce module est réduit à sa plus simple expression : un sac à viande en soie (à 7 euros l’unité en provenance du Vietnam, mieux vaut profiter du tarif dégressif, acheter un lot pour équiper la famille et rentabiliser l’investissement), une couverture de survie et un bivvy bag de secours.
Le gros problème de ce sac de couchage improvisé reste évidemment la condensation, le bivvy bag étant étanche... La soie est par contre une matière naturelle offrant un pouvoir thermique intéressant, pour un volume très réduit. Utilisé seul, ce sac à viande peut servir évidemment de sac de couchage léger, si je dois passer une nuit dans la voiture. Il peut également servir de simple sac pour transporter du matériel, d’isolation d’appoint pour ma tenue. Il peut se débiter en morceaux pour confectionner un filtre à eau de fortune, des chaussettes russes, un survêtement FOMBEC de couleur discrète, un chèche, etc.
Le tapis de sol peut être constitué au choix de la couverture de survie, de la bâche de peintre ou de la cape de protection RNBC, la préoccupation première étant d’éviter la remontée d’humidité du sol vers le dormeur via un film intercalaire étanche. Si l’environnement le permet, un rembourrage végétal (feuilles mortes, herbes sèches, branchages, aiguilles de conifères…) constitue l’isolation thermique de ce matelas et limite les pertes thermiques par convection.
Module régulation thermique
Qu'il fasse chaud ou froid, la régulation thermique est une nécessité vitale. Climat local oblige, l'objectif principal des items constituant ce module sera de limiter les pertes thermiques par temps froid. Le volume réduit du Cube ne permet malheureusement pas l'emport de sous-vêtements thermiques, qui seraient pourtant bienvenus pour améliorer sensiblement la protection thermique de ma tenue. Le module se limite donc au minimum syndical, à savoir : un bonnet, des gants de travail potables, des gants en polaire utilisables comme doublures, une paire de chaussettes, un bandana chamarré, et des chauffe-mains chimiques (idée de Da, malheureusement oubliés lors de la prise de vue).
Au besoin, le sac à viande en soie du module de couchage peut servir à renforcer l’isolation thermique de ma tenue.
La suite par Rammstein ici : http://www.le-projet-olduvai.com/t9553-kit-escape-cube-de-rammstein#158517
Oh non, encore un kit… Effectivement, si ce n’est pas votre tasse de thé, le sujet a de quoi rebuter. En fait, ce fil regroupe plusieurs bidouilles et astuces pour lesquelles j’ai la flemme d’ouvrir de nouveaux fils de discussion. Les présenter via un kit est donc l’occasion idéale.
J’avoue m’être un peu lâché dans l’élaboration de ce kit, mon objectif étant surtout de voir jusqu’où il est possible d’aller dans la complexité et la création de solutions originales s’insérant dans un volume aussi réduit. N’ayant pas un budget illimité et trouvant rébarbatives ou inadaptées les solutions sur étagères directement issues des magasins de produits outdoor, j’ai privilégié les solutions bricolées, à la portée de tout le monde.
Petit avertissement : la qualité des photos est très aléatoire, les prises de vues s’étant étalées sur plus d’un an et provenant de différents appareils numériques. Veuillez m’en excuser !
Mise en situation
Du fait de ma profession, je me déplace régulièrement sur de longues distances en costume – cravate et voiture de pool. Si au quotidien je peux trimballer quelques accessoires sur moi et à bord de ma voiture personnelle pour faire face à ce que certains appellent une « rupture du quotidien » ou encore un « événement disruptif », lors de ces déplacements la tâche devient plus difficile du fait de ma tenue. Quant à emporter un BOB complet, c’est tout simplement impossible compte-tenu de l'encombrement et des impératifs de discrétion. L’idée du Cube m’apparaît donc particulièrement appropriée, car son volume contenu permet de le glisser dans la valoche lors des déplacements professionnels, et de le stocker dans un coffre de voiture sans qu’il ne prenne trop d’espace au quotidien. Après quelques années (sic !) passées à réfléchir au sujet initié par le CEETS et par Da sur ce forum, ainsi qu'à concevoir et tester différentes configurations et différents matériels, je me suis pris au jeu et suis – enfin ! - parvenu à assembler un mini BOB / Go Home Bag / Escape Cube à peu près convenable, répondant à MON besoin.
L’environnement dans lequel ce kit est appelé à évoluer est à dominante péri-urbaine / rurale / forestière (Europe occidentale / centrale). Les régions dans lesquelles je me déplace sont fortement industrialisées / nucléarisées, certaines installations étant en outre malheureusement réputées pour leur vétusté, voire leur dangerosité (Fessenheim notamment). Le risque technologique est donc logiquement un paramètre pris en compte dans l’élaboration du Cube. Comme nous le verrons plus loin, ceci va plutôt à l’encontre de la philosophie qui anime le Cube spirit, à savoir la recherche de solutions polyvalentes, rustiques et minimalistes. Mais pourquoi ne pas faire compliqué quand on peut faire simple ?
Le scénario le plus cauchemardesque me concernant serait de me retrouver en plein hiver à plusieurs centaines de kilomètres de chez moi, au beau milieu d’un sauve-qui-peut général face à une menace de contamination / pollution d’origine nucléaire, chimique ou radiologique, bref un scénario à la Fukushima, supposé évidemment ne jamais se produire en France... Mon objectif serait alors de rentrer à tout prix et en un seul morceau en Allemagne rejoindre la famille (accessoirement c’est mon point de chute le plus proche). Mais sans envisager le pire, ce kit doit également me permettre de faire face à un imprévu, comme par exemple passer une nuit dans la voiture suite à un blocage des voies de communication pendant un déplacement privé ou professionnel (tempête, grosses chutes de neige, inondations…). La situation s'est déjà plusieurs fois présentée par le passé et m'a à chaque fois pris au dépourvu, sachant que le petit kit de survie de poche qui me suit est peu à même de répondre à ce type de situation inconfortable. Comme on le voit, les attentes vis-à-vis de ce kit sont élevées, son spectre d’utilisation, très vaste, s’étalant de l’inconfort momentané à la situation de survie hardcore.
Le premier défi a été de prendre en compte le risque technologique et les contraintes qu'il impose, notamment :
- Interférences avec l'environnement limitées au minimum afin de réduire les risques de contaminations internes et externes, donc si un équipement quelconque est nécessaire, il doit prioritairement sortir du Cube ou s'improviser avec des composants issus du Cube.
- Présence dans le Cube d'équipements de protection individuelle RNBC.
- Présence dans le Cube d'équipements de décontamination.
- Présence dans le Cube d'équipement de détection/mesure.
Ce type de menace – vaste et multiforme - est rarement pris en compte dans les préparatifs, or à mon humble avis une préparation spécifique s’impose dès lors qu’on évolue dans une zone urbaine ou péri-urbaine industrialisée d’Europe occidentale ou de toute autre région développée du monde. Sachant qu’avec peu de moyens matériels et un minimum de connaissances il est possible de se protéger efficacement – au moins un certain temps – le jeu en vaut la chandelle.
Le second défi a été d’adapter - voire créer - certains outils jugés utiles voire indispensables dans ce type de situation et à même d’entrer dans le Cube. Ce dernier contient donc une pelle, une scie, un pied-de-biche, un abri, une popote et 2 ou 3 autres gadgets conçus spécialement pour s’adapter à la poche PLCE. Il offre abri, nourriture, eau, énergie… pour des durées disons euh… variables. Les 13 litres théoriques de la poche PLCE (on verra plus loin que le volume à disposition est encore plus réduit) représentent en effet un volume ridicule, obligeant à effectuer un tri impitoyable entre ce qui est vital, réellement utile ou carrément superflu. Comme sur le fil du BOB (qui a d’ailleurs bien mal vieillit si l’on considère la configuration actuelle dudit BOB), j’ai procédé méthodiquement par modules, sachant que certains items trouvent une utilisation transversale.
Pour se faire une idée du bidule en ordre de bataille, cela donne ça :
Étalé par terre, on obtient ceci :
Et lors du stockage, les bretelles sont rangées dans la poche (je crois me souvenir que cette configuration fait partie du cahier des charges du CEETS) :
La fabrication des différents gadgets présents dans le Cube ainsi que les tests en situation sont détaillés plus loin dans le fil. Je précise que leur fabrication s'est faite avec des outils, des techniques et des matériaux à la portée de tout un chacun.
Contenant
Peu de liberté en matière de contenant si l’on respecte à la lettre le cahier des charges du CEETS : le kit est contenu dans une poche PLCE, prévue pour s’adapter au sac-à-dos de l’armée britannique. La paire de poches avec son système de portage (Yoke) se trouve en occasion pour moins de 10€ (sans les FDP) sur la baie. La poche PLCE se révèle certainement bien pratique pour l’utilisateur d’un sac compatible avec ce type de poche, mais n’étant pas dans ce cas, je pense à terme répartir le matériel dans un autre système moins connoté et de contenance similaire, genre petit sac à dos, musette "civile" ou éventuellement sacs de poitrine Ribz, la contrainte majeure en ce qui me concerne étant que ce contenant doit pouvoir rentrer dans une valise sans y prendre trop de place.
Une sorte d’hybride poche PLCE / survival roll, ou encore une trousse médicale au format PLCE ne seraient pas non plus pour me déplaire, l’inconvénient majeur que je trouve à la poche PLCE étant qu’elle ne dispose que d’un seul accès par le haut. Ainsi, accéder au nougat enfoui au fin fond de la poche relève souvent du travail de fouille archéologique de longue haleine. Bref, c’est un autre débat, mais il y a potentiel à amélioration, par exemple en ajoutant à la poche une ouverture dans sa partie inférieure…
Notons au passage que les dimensions maximales indiquées dans le fil dédié au Cube sur le forum de David Manise - 35cm x 13cm x 20cm - donnent un volume de 9,1 dm³ soit 9,1 litres. On est donc loin des 13 litres spécifiés dans ce même cahier des charges dédié au Cube ! C'est un autre sujet, mais cette petite marge supplémentaire autorise nombres de bidouilles et de modifications sur la poche PLCE elle-même, de façon à faciliter son utilisation.
Les bretelles sont issues d'un autre système de portage (MMPS je crois, les experts en matériel tactico-militaire sauront l’identifier) et s'adaptent sans problème via l’ajout de la bouclerie idoine. Par rapport aux bretelles d’origine, celles-ci se révèlent plus compactes, plus polyvalentes et peuvent s'utiliser pour rembourrer le manche d'un outil ou comme ceinturon de fortune par exemple. On peut également varier les modes de port du Cube, par exemple en croisant les bretelles sur la poitrine, en utilisant le cube comme une musette ou encore - soyons fous ! - à la façon d’un sherpa (en cas de blessure à l’épaule interdisant le port d’un sac à bretelles). Je préfère en tout cas cette solution pérenne à une solution provisoire, comme par exemple des bretelles tressées en paracorde, car sinon comment porter le Cube une fois le stock de paracorde utilisé, mmmh ?
La poche PLCE n’étant pas étanche, tout son contenu est stocké dans différents sacs en plastique (essentiellement des sacs de congélation). Ceci autorise un minimum d’ordre parmi les items, en les regroupant autant que faire se peut sous forme de modules. Tous ces sacs peuvent également servir à stocker de l’eau, fabriquer des flotteurs, des bottillons étanches, un coussin de feuilles mortes ou que sais-je encore… Afin de faciliter le rangement des différents objets constituant le kit, j’ai viré tout ce qui est emballage, housse de protection, poignée, etc. susceptible d’occuper inutilement du volume. Quelques objets spécifiques, comme la bâche ou le poncho, se révèlent plus compacts une fois pliés correctement au format de la poche PLCE, plutôt que roulés dans leur format d’origine.
Module RNBC
Autant commencer par le plus crucial, et sans doute aussi le plus sujet à sarcasmes…
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je souhaite rapporter 2 anecdotes. La première concerne une catastrophe de grande ampleur : le terrible tremblement de terre ayant frappé le Japon en mars 2011, à l’origine d’un Tsunami puis de la catastrophe nucléaire de Fukushima. L’évacuation des habitants de Fukushima s’est faite de façon désordonnée, après une période de confinement de plusieurs jours. Beaucoup ont dû évacuer la zone interdite par leurs propres moyens, la destruction des voies de communication lors du séisme ne permettant pas des évacuations massives et systématiques en bus et en train. Je me souviens avoir lu le récit d’une femme partie en vélo sur les routes de l’exil, sans aucune protection autre que ses vêtements, et alors que la situation des 4 réacteurs de la centrale n’était même pas encore clairement connue… On notera au passage la pertinence, dans ce genre de situation, du vélo comme moyen d’évacuation, qui passe là où les véhicules à 4 roues ne passent plus… Autre anecdote personnelle : lors d’un déplacement, je me suis retrouvé complètement bloqué sur l’autoroute pendant plus de 5 heures à la hauteur de Nuremberg, suite au renversement d’une citerne de produit chimique hautement dangereux sur la chaussée, quelques centaines de mètres plus loin. L’accident avait alors mobilisé des équipes d’intervention et des véhicules spécialisés dans la lutte RNBC, la citerne menaçant de fuir à tout instant. Quid si la citerne avait fui ou si le camion avait pris feu ? L’objectif de ce module est précisément d’offrir des moyens de protection permettant de pallier à ce type de situation, pendant laquelle un individu est particulièrement vulnérable.
En déplacement professionnel ou privé, quand je ne suis pas dans les locaux du client, à l’hôtel ou chez des proches, je suis sur la route en pleine pampa et donc directement exposé aux conséquences d’un accident RNBC de grande ampleur, avec des possibilités de confinement très limitées. Le véhicule constitue évidemment une protection à ne pas négliger, pour peu qu'on s'y confine correctement. Le Cube contient d’ailleurs suffisamment de tape et de film plastique pour transformer l’habitacle en bulle à peu près étanche. Cependant une fois immobilisé dans un embouteillage ou par un quelconque obstacle, le véhicule refuge devient à plus ou moins brève échéance un piège. Pour pallier à cela, le module RNBC comporte donc plusieurs équipements de protection individuels à même de m'aider si je dois sortir du véhicule, m’extraire à pied de la zone dangereuse et m'abriter. Ces équipements sont primitifs et sommaires, mais suffisants pour mettre en place une barrière de protection entre leur porteur et son environnement.
Évoluer dans un milieu contaminé par des particules radioactives ou chimiques implique de limiter drastiquement les interactions avec l'environnement. L'air peut contenir des particules nocives en suspension, l'eau - surtout celle issue de ruissellements - est potentiellement chargée de contaminants. La faune et la flore peuvent en être recouvertes, voire en contenir. On peut également être amené à rencontrer ponctuellement des zones d'accumulation de substances nocives : poches de gaz dans les dépressions du terrain, dépôts sur la surface des objets, rejets directement produits lors de la catastrophe, black stuff radioactif, etc. Bref : la menace est potentiellement partout présente, et l'on prendra évidemment soin de fuir au plus vite la zone de danger en limitant au maximum les dommages sur la santé.
A cet effet, le principal équipement que j’ai choisi d’inclure dans mon Cube est une cape de protection NBC modèle SBU-67 de feu la Nationalvolksarmee est-allemande, un effet quasiment indestructible qui vaut son pesant d’or ! Cette cape en plastique très résistant couvre en effet des pieds à la tête, et est suffisamment ample pour autoriser le port d’un gros sac à dos. Elle se ferme sur le devant via 2 agrafes en plastique. En plus de conférer une allure totalement ridicule à son porteur, elle constitue une protection parfaite contre les éléments ainsi qu’un tapis de sol acceptable, pouvant en prime se garnir de feuilles mortes ou d'herbes sèches. De mémoire j'ai dû payer 7 euros pour un lot de 10 unités...
L’Armée Française disposait d’une tenue similaire et tout aussi compacte dans les années 70-80, mais à ma connaissance cet équipement n’est plus en dotation. Gageons qu’il est facile de se tailler un équivalent à peu près similaire dans un sac à gravats de grand volume. Je tenais toutefois à présenter la cape SBU-67, qui est un matériel de protection polyvalent, robuste, plutôt facile à trouver et bon marché.
Le second équipement de protection est une cagoule Muski, une sorte de sac en plastique transparent encapuchonnant toute la tête et muni d’un filtre et d’une valve souple. J’ai privilégié cette solution tout-en-un pour sa compacité, son efficacité (elle recouvre toute la tête), sa facilité et sa rapidité de mise en œuvre par rapport à un ensemble masque anti-poussière + lunettes + cagoule de protection. Il ne faut pas se faire d’illusions sur les performances de ce semblant de filtre : sa fonction est seulement d’offrir une barrière mécanique aux grosses particules susceptibles de tomber sur son porteur et d'être ingérées. Son efficacité sera en outre quasi nulle face à des agents chimiques ou bactériologiques… Accessoirement ce masque peut faire office de pare-poussière.
L’ensemble de protection est complété par des gants en vinyle et des bottillons réalisés avec des sacs de congélation (en prévoir plusieurs) et du chatterton (moins collant que le tape et donc plus facile à décoller / recoller). La panoplie comprend également des comprimés d’iodure de potassium, 2 dosimètres, une douchette de fortune pour la décontamination et une bâche de peintre en plastique résistant retaillée à 3x3m dont nous parlerons plus loin.
Une fois équipé on ressemble à cela :
Porter cette tenue plusieurs heures durant, le temps de s'extraire de la zone à risque (la plume, pour reprendre le terme anglo-saxon), implique une sudation importante et donc une grosse perte hydrique, qui ne pourra être compensée dans un premier temps que par le litre d'eau réglementaire contenu dans le Cube. La cape présente toutefois une solution intéressante, dans la mesure où elle est ouverte sur le bas et donc "respirante", ce qui autorise dans une certaine mesure l'évacuation de la transpiration. Contrairement à un poncho de type US en nylon, sa surface non tissée est parfaitement lisse et exempte d’aspérités, ce qui permet de limiter les dépôts de particules contaminées, et favorise en outre l'écoulement de l'eau et donc la décontamination.
Le kit d'hydratation fournit un sac de 8 litres et une fermeture de bouteille, facilement transformable en douchette de décontamination (voir plus loin pour la confection du pommeau de douche minimaliste) pour peu que l'approvisionnement en eau ne soit pas problématique. Le kit hygiène et santé fournit un rasoir pouvant servir à se raser la tête ou toute autre partie velue du corps en cas de contamination avérée.
Le kit comprend également plusieurs cartes répertoriant les sites nucléaires répartis sur le territoire européen et plus particulièrement français, les zones d’exclusion prévues pour chaque site en cas d’accident, ainsi qu’un zoom plus détaillé sur la région que je traverse habituellement (faisant notamment apparaître les noms des localités potentiellement concernées par une évacuation, informations importantes pour se repérer dans sa progression s’il s’agit de s’éloigner le plus possible de la source du problème). Une échelle des doses de radiations et de leurs effets permet d’évaluer grosso modo l’impact d’une exposition sur l’organisme, en recoupant avec les résultats des mesures des 2 dosimètres et la durée d’exposition.
Dans l'hypothèse d'une catastrophe RNBC majeure, tout le matériel de protection de ce module sera exposé et certainement contaminé, donc à abandonner sur place ou à détruire une fois extrait de la zone à risque. Un dernier avertissement enfin : ce matériel n'est là que pour limiter les conséquences sur la santé d'une éventuelle catastrophe industrielle et ne représente pas une protection absolue, loin de là. Son emploi ne peut être en outre que limité dans le temps, d’autres moyens plus conséquents étant appelés à entrer en action une fois l’utilisateur de ce matériel sorti de la zone dangereuse.
Une grosse partie des items de ce module peut évidemment être détournée de sa destination première et remplir une utilisation plus conventionnelle.
Module abri
Le module complet se présente sous la forme suivante :
Autant camper dans les bois sous une bâche ou un tarp peut revêtir un certain romantisme en temps normal, autant improviser avec ce truc un abri de fortune ouvert à tout vent dans une situation de stress élevé et surtout dans un milieu possiblement contaminé ne me paraît pas la meilleure idée. S’ajoutent à cela le temps de construction qui peut être pénalisant, et surtout la dépense énergétique nécessaire pour trouver un site approprié et construire l’abri. Pour durer, il convient en effet de limiter ses dépenses énergétiques : l’abri se doit donc d’être facile et rapide à construire. J'imagine également devoir plus prosaïquement passer la nuit ou m’abriter dans un champ gelé, un gymnase, sur un toit de supermarché ou un parking, bref un endroit où il n'est pas forcément possible de suspendre une bâche ou de planter des sardines. Un abri si possible fermé, facile et rapide à monter, et tenant debout tout seul apparaît donc comme une solution à privilégier. Reste à trouver la solution technique répondant à ce cahier des charges.
La bâche de chantier de 2x3m que je comptais initialement utiliser est écartée car inappropriée. Une tente genre « 2 secondes » serait idéale, mais beaucoup trop volumineuse. Le creusement des méninges se poursuivant, je m’oriente rapidement vers une solution bricolée plutôt qu’issue du commerce, avec toujours pour objectif de concevoir un abri une place polyvalent, bon marché, auto-porté, rapide et facile à monter, pouvant au besoin être fermé et ultra compact une fois plié.
La tente tube est une option séduisante et bon marché. On peut facilement en fabriquer une avec du film plastique genre bâche de peintre ouliner d'étang artificiel (plus épais et résistant, mais aussi plus encombrant). Par contre il est difficile de concevoir une structure autoporteuse pour ce type de tente. La fragilité du film plastique et le temps de préparation / montage demeurent en outre problématiques, surtout si la météo n’est pas de la partie. Le présent module contient cependant les éléments permettant la construction de ce type d’abri : une bâche de peintre en plastique transparent retaillée à 3x3m, du tape et de la cordelette.
Finalement j’en suis venu à m’intéresser à un concept venu d'Outre-Atlantique : l'Alpha Tent ou tente Alpha, présentée là. Comme cette bidouille n’a pas encore été présentée dans la sphère survivaliste francophone, voici en exclusivité pour les lecteurs d'Olduvai la description de cette magnifique invention ! Il s'agit en fait d'un simple poncho militaire tendu via 2 baguettes rigides montées en diagonal. Le résultat obtenu est une petite tente en forme de dôme à base parallélépipédique, qui ressemble à cela :
J’ai poussé la logique un peu plus loin en essayant d’utiliser la structure sans le poncho. Cette structure peut ainsi être utilisée simplement recouverte d'un film plastique (genre bâche de peintre en plastique transparent heavy duty), comme présenté ci-dessous. Une cordelette est utilisée pour forcer un peu plus la flexion des arceaux, également reliés entre eux en leur milieu par un autre lien. Cette configuration permet de créer un abri spacieux de 2m x 1m x 0,9m, à même d’accueillir un adulte et 2 enfants par exemple. A l’usage, la condensation reste évidemment un problème, mais au moins dispose-t-on d’une bulle abritée des éléments.
Autre configuration : les photos ci-dessous montrent ce que pourrait être un montage en environnement contaminé ou froid, faisant appel au poncho et à la bâche de peintre :
Il est aussi possible d'intercaler entre la structure et le poncho une couverture de survie (face argentée dirigée vers l'intérieur), permettant d’améliorer l’isolation thermique de l’abri. L'Alpha Tent peut accueillir sans problème une personne allongée ; un individu de grande taille (> 1,80m) devra toutefois s'y allonger en diagonal ou s’équiper d’un poncho de grande dimension.
Retournée, la tente peut flotter et supporter quelques kilos de charge, permettant ainsi la traversée à la nage d'une coupure humide en gardant le matériel au sec. Les photos suivantes montrent un test de flottabilité avec une charge d’environ 10kg (un madrier et 2 briques), sensée simuler la masse du Cube. L’embarcation de fortune peut sans doute supporter quelques kilos de plus, et sans doute même un enfant en bas âge pour peu que son poids soit uniformément réparti sur une surface la plus étendue possible.
L'autre intérêt de la structure auto-portée / tente Alpha par rapport à un abri plus classique est qu'elle laisse peu de traces, hormis l'empreinte au sol de l’utilisateur : pas de branches cassées, de terre remuée, de traces de cordage sur les arbres... Cela peut être une solution particulièrement appropriée pour un individu souhaitant rester le plus discret possible. La tente peut se poser directement sur le sol, ou être surélevée pour autoriser une plus grande liberté de mouvement à son occupant. On peut la suspendre ou s'en servir pour recouvrir une position enterrée, l’utiliser comme parapluie géant... Bref, ses possibilités d’utilisation sont infinies !
Sa résistance au vent est assez bonne du fait de sa forme ramassée et arrondie. Il convient toutefois de prévoir un ancrage au sol, en l'occurrence via 6 sardines, pour éviter le retournement de la tente par vent fort. La capuche du poncho constitue enfin une bouche d’aération bienvenue, le poncho étant par nature étanche et pas respirant pour 2 sous.
En l'état, le module contenu dans le Cube permet de construire :
- une tente tube avec la bâche de peintre de 3x3m, du tape et de la ficelle,
- un abri simple avec le poncho utilisé comme tarp,
- une tente alpha simple avec la structure et le poncho,
- une tente alpha isolée thermiquement avec la structure, le poncho et la couverture de survie ou la bâche de peintre,
- une tente alpha transparente avec la structure et la bâche de peintre,
- un hamac utilisant le poncho, et couvert de la cape RNBC ou de la bâche de peintre,
- une embarcation légère pour le matériel, en retournant l'Alpha Tent,
- un panneau de protection facilement manipulable s'il s'agit de protéger un accidenté des éléments ou du regard des curieux.
La liste est loin d’être exhaustive, d’autres utilisations auxquelles je n’ai pas pensé étant certainement possibles.
Le poncho US utilisé dans le Cube est loin d'être mon premier choix pour tous ces usages, mais il présente cependant le meilleur compromis encombrement / performances / prix. Comme indiqué précédemment, quelques mètres de ficelle et des sardines complètent le module pour une utilisation plus traditionnelle du poncho sans la structure. La fabrication des éléments nécessaires à l’assemblage de l’Apha Tent ainsi que d’autres options sont détaillées plus loin dans le fil de discussion.
Module couchage
Volume limité du Cube oblige, ce module est réduit à sa plus simple expression : un sac à viande en soie (à 7 euros l’unité en provenance du Vietnam, mieux vaut profiter du tarif dégressif, acheter un lot pour équiper la famille et rentabiliser l’investissement), une couverture de survie et un bivvy bag de secours.
Le gros problème de ce sac de couchage improvisé reste évidemment la condensation, le bivvy bag étant étanche... La soie est par contre une matière naturelle offrant un pouvoir thermique intéressant, pour un volume très réduit. Utilisé seul, ce sac à viande peut servir évidemment de sac de couchage léger, si je dois passer une nuit dans la voiture. Il peut également servir de simple sac pour transporter du matériel, d’isolation d’appoint pour ma tenue. Il peut se débiter en morceaux pour confectionner un filtre à eau de fortune, des chaussettes russes, un survêtement FOMBEC de couleur discrète, un chèche, etc.
Le tapis de sol peut être constitué au choix de la couverture de survie, de la bâche de peintre ou de la cape de protection RNBC, la préoccupation première étant d’éviter la remontée d’humidité du sol vers le dormeur via un film intercalaire étanche. Si l’environnement le permet, un rembourrage végétal (feuilles mortes, herbes sèches, branchages, aiguilles de conifères…) constitue l’isolation thermique de ce matelas et limite les pertes thermiques par convection.
Module régulation thermique
Qu'il fasse chaud ou froid, la régulation thermique est une nécessité vitale. Climat local oblige, l'objectif principal des items constituant ce module sera de limiter les pertes thermiques par temps froid. Le volume réduit du Cube ne permet malheureusement pas l'emport de sous-vêtements thermiques, qui seraient pourtant bienvenus pour améliorer sensiblement la protection thermique de ma tenue. Le module se limite donc au minimum syndical, à savoir : un bonnet, des gants de travail potables, des gants en polaire utilisables comme doublures, une paire de chaussettes, un bandana chamarré, et des chauffe-mains chimiques (idée de Da, malheureusement oubliés lors de la prise de vue).
Au besoin, le sac à viande en soie du module de couchage peut servir à renforcer l’isolation thermique de ma tenue.
La suite par Rammstein ici : http://www.le-projet-olduvai.com/t9553-kit-escape-cube-de-rammstein#158517
3 commentaires:
Impressionnant !
Vraiment excellent, du très bon travail !
Yeap ++++ 👍
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